mardi 9 juin 2009

activité de découverte littéraire

chers amateurs de littérature...

le 02 juin 2009 notre assemblée de (futurs) professeurs de langue étrangère s'est réunie pour la dernière fois avant les vacances scolaires.
Et, tandis que nous voyagions séparément dans le temps à la découverte de périodes culturelles, de mouvements artistiques en Europe, nous nous étions retrouvé par petits groupes afin de préparer une 'surprise'.
Cette surprise consiste en un webquest.

C'est quoi un webquest?
L'idée d'un webquest, c'est de proposer un ensemble cohérent d'activités qui mêle recherches sur internet et production d'une tâche finale commune.
En ce qui nous concerne, il s'agissait bien sur d'élaborer un parcours ayant trait à la littérature, à la découverte de celle-ci. Nous avions opté pour faire découvrir aux participants des œuvres ayant pour thème commun "un amour impossible". Et nous avons établi des activités pour un public (néerlandophone) ayant un niveau en français équivalent aux niveaux A2-B1 du CECR.

Ça ressemble à quoi, un webquest ?
Pour être digne de ce nom, un webquest doit comporter les parties suivantes :
1. une introduction : le but de l'introduction est de présenter de façon motivante les grandes lignes du projet. Autrement dit, il s'agit d'indiquer aux participants ce qu'ils devront faire, quel rôle ils vont jouer ; et l'utilité d'une telle démarche.
2. les tâches : débordant d'imagination et d'idées, nous avions passé beaucoup de temps à établir quel serait le produit final. Nous avions par exemple pensé à l'élaboration et la représentation d'un scénario théâtral- musical, ou à la rédaction d'un article façon 'concours', etc. En tous les cas, l'aspect créatif et ludique nous paraissait important. Au final, c'est la création d'un journal mural
qui l'a emporté.
3. les étapes : pour aboutir à la création d'une exposition sur l'amour impossible en littérature, les élèves doivent procéder comme suit
A. choisir, dans une petite liste, un personnage ou un couple célèbre (Roméo & Juliette, Madame Bovary, etc.)
B. chercher ensuite qui sont ces personnages, l'époque où ils ont vécu et en quoi leur amour est impossible ; un compte-rendu est fait, présentant également les ressources utilisées pour collecter des informations.
C. composer un 'journal mural', soit une exposition sur le(s) personnage(s) choisis, leur auteur, les caractéristiques du récit, etc.
4. les ressources : nous avons indiqué aux webquesteurs un ensemble de ressources qu'ils pouvaient utiliser, soient des vidéos, des sites internet
5. les critères d'évaluation : nous avons établi une grille d'évaluation, celle-ci est clairement énoncée
6. une page 'professeur' : qui permet à d'autres éventuels utilisateurs de savoir en quoi consiste cet ensemble d'activités.
7. une conclusion : suivant une démarche très néerlandaise, le travail se boucle par un retour sur ce qui a été fait, ce qu'on a appris.

Enfin, a été ajoutée une section 'gastenboek', où nos visiteurs peuvent nous laisser un message...

Toutes les caractéristiques que doivent posséder un webquest sont dans le jargon appelées benchmark. Les néerlandophones qui souhaiteront en savoir davantage pourront se rendre sur le site webquest.kennisnet.nl

Lors de notre dernière entrevue, nous avons donc présenté aux autres voyageurs littéraires notre wbq, tout de rose pimpant ; et c'est avec grand plaisir que nous avons découvert les leurs.

Bien que celui-ci ne soit pas parfait (de légères corrections et améliorations sont à faire), je vous invite à découvrir notre webquest "L'amour impossible" en littérature :
http://www.digiproject.nl/do.php?a=show_other_visitor_wewizard_frame&s=11645

Celui proposé par le groupe germanophone est bien fait et plaisant, on le trouve sur :
http://herzschmerz.webquestmaker.nl/sehnsucht?mode=previeuw

Au plaisir de lire vos commentaires...

jeudi 21 mai 2009

la littérature moderne : 1914-1940

La première guerre mondiale connaît une première phase d'exaltation : les propagandes nationalistes exacerbent le patriotisme, le sacrifice pour la patrie est perçu comme un honneur. A cet enthousiasme succède le choc de la confrontation avec la réalité.
Otto Dix, (1917)
Évidemment, tous ces évènements marquent la littérature.
Ainsi, le poème The General, de l'anglais Siegfried Sassoon:
'Good-morning: good-morning!' the General said
When we met him lasr week on our way to the line.
Now the soldiers he smiled at are most of 'em dead,
And we're cursing his staff for incompetent swine. (...)

Le roman A Farewell to Arms de l'Américain Ernest Hemingway se déroule sur le front nord italien, à la fin de la première guerre mondiale.
Le roman Im westen nichts Neues de l'allemand P. Baümer, qui a pour vocation de dénoncer l'absurdité de la guerre, sera dans l'entre-deux-guerre brulé par les nazis.
En France, Louis-Ferdinand Céline publie en 1932 Voyage au bout de la nuit, dont voici un extrait:
" - Le maréchal des logis Barousse vient d'être tué, mon colonel, qu'il dit tout d'un trait.
- Et alors ?

- Il a été tué en allant chercher le fourgon à pain sur la route des Étrapes, mon colonel!

- Et alors ?

- Il a été éclaté par un obus!

- Et alors, nom de Dieu!

- Et voilà! Mon colonel...

- C'est tout ?

- Oui, c'est tout mon colonel.
- Et le pain ? demanda le colonel. (...)"

On remarque bien ici que Céline introduit 'le parler' dans la littérature, il emploie l'argot, les expressions et les injures de la langue orale pour embarquer le lecteur dans son 'métro émotif'. De la même façon, l'Américain T.S. Eliot rejette l'idée que le langage poétique doit être celui que l'on utilise tous les jours ; et le Flamand Paul van Ostaijen introduit comme sujet poétique la vie citadine moderne, il emploie dans sa poésie des mots comme voiture, tram, lampe à gaz, abattoir, magasinière...

Après la guerre de 1914, les artistes rejettent les idées communes et cherchent consciemment à déformer la réalité. Il n'est plus question d'harmonies et de courbes traditionnelles, on cherche à rendre compte du tumulte du monde moderne. Picasso, les demoiselles d'Avignon (1907, période cubiste)

En poésie, on trouve chez les Néerlandais Martinus Nijhoff 'Lees maar, er staat niet wat er staat' et Bertus Aafje 'Dichters liegen de waarheid' la thématique de la double signification: les apparences ne sont pas celles qu'elles sont.
Le réalisme du 19e siècle est abandonné. On se méfie des explications et des tableaux qu'il entend donner : après tout, cette explication ne saurait être définitive ou complète.
Alors que le roman du 19e est construit de façon logique et qu'il met en scène des personnages auxquels ont peut s'identifier, le héros romanesque moderne ne détient pas de vérité absolue, valable pour tous, au contraire, il est hésitant et peu sûr de lui. En art, cette importance du ressenti individuel, un peu trouble et pourtant source de la 'réalité' trouve ses représentations dans le mouvement expressionniste.
Van Gogh, Le ciel étoilé (1889)

Par ailleurs, les hypothèses de Sigmund freud liées à l'inconscient s'imprègnent dans la littérature.
Est restée célèbre 'la madeleine de Proust' [À la recherche du temps perdu, 1907] : le narrateur, grâce aux parfums et au goût d'une madeleine prise avec un thé se souvient de moments de son enfance. C'est le principe de la mémoire involontaire : par une association sensorielle accidentelle, on retrouve des évènements du passé, qui siégeaient jusqu'alors dans l'inconscient.
D'origine suisse, le mouvement Dada (aussi appelé dadaïsme) formé autour de Tristan Tzara rassemble des nihilistes et des anarchistes. Ils préconisent l'incohérence, le désordre, l'irrationnel. La technique artistique du collage se base aussi sur l'activité mentale de libre association : le collage naît de la rencontre de réalités différentes. On retiendra les collages de Max Ernst, Kurt Schwitters et Hannah Höch (photomontages). Car les femmes dadaïstes sont acceptées comme des artistes à part entière, elles ne sont plus cantonées au rôle de muse, d'amante ou d'amatrice douée. Vers 1925, l'écriture automatique se développe.
L'écriture automatique : "Jeu qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puissent tenir compte des collaborations précédentes" (Dictionnaire abrégé du surréalisme). L'exemple le plus fameux est sans doute la phrase 'Le-cadavre-exquis-boira-du-vin-nouveau'. Issus du mouvement dada, mais moins radicaux, plus proches du communisme, les surréalistes français comme Breton, Aragon et Éluard vont multiplier les analogies entre des réalités éloignées.
Voici un extrait de L'Union libre (1931) de Breton :
"(...) Ma femme aux yeux pleins de larmes
Aux yeux de panoplie violette et d'aiguille aimantée
Ma femme aux yeux de savane
Ma femme aux yeux d'eau pour boire en prison

Ma femme aux yeux de bois toujours sans hache

Aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu."


Le regard, les yeux, un thème fréquent chez les poètes surréalistes.
Le poème Capitale de la douleur (1926), de P. Eluard débute ainsi : "La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur(...)".
« Nul n'aura été plus habile détecteur de l'insolite sous toutes ses formes ; nul n'aura été porté à des rêveries si grisantes (...)" dira André Breton en parlant d'Aragon.

Chez Kafka, auteur Tchèque germanophone, le monde du rêve se glisse de façon angoissante dans la réalité. En 1915 est publiée une de ses oeuvres les plus célèbres Die Verandkung (La Métamorphose) où le personnage principal découvre en se réveillant qu'il est devenu un énorme cafard. Un spectre se manifeste : celui d'une fatalité contre laquelle on ne peut pas lutter.
Chez Henri Michaud, l'humour noir et le malaise qui glisse entre cauchemard et réalité répondent à un sentiment 'd'absurdité'.
Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. "Tiens, pensa-t-il, les fourmis l'auront mangé..."et il se rendormit.
Peu après sa femme l'attrapa et le secoua : "Regarde, dit-elle, fainéant! pendant que tu étais occupé à dormir on nous a volé notre maison." En effet, un ciel intact s'étendait de tous les côtés. 'Bah! la chose est faite', pensa-t-il.

Peu après, un bruit se fit entendre. C'était un train qui arrivait sur eux à toute allure. " De l'air pressé qu'il a, pensa-t-il, il arrivera sûrement avant nous "
et il se rendormit.
Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang.
Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. " Avec le sang, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments; si ce train pouvait n'être pas passé, j'en serais fort heureux. Mais puisqu'il est déjà passé... " et il se rendormit.
- Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre femme se soit blessée au point qu'on l'ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l'en empêcher, sans même vous en être aperçu. Voilà le mystère. Toute l'affaire est là-dedans.

- Sur ce chemin, je ne peux pas l'aider, pensa Plume,
et il se rendormit.
- L'exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter?

- Excusez-moi, dit-il, je n'ai pas suivi l'affaire.
Et il se rendormit.
Henri Michaux, Un certain Plume (1930)

Entre-temps, s'est étendue la crise de 1929 et la montée du fascisme.
Certains écrivains s'engagent pour lutter contre la guerre d'Espagne, se font résistants lors de la seconde mondiale.
"Assassiner n'est pas tuer" André Malraux, La Condition humaine.

















Fernand Leger, la lecture, 1924
Mes auteurs coup de cœur
* Apollinaire.
Déjà avant 1914, Apollinaire recherche une nouvelle forme poétique en accord avec la vie moderne. S'inspirant des pages de journal, il souhaite allier le fond et la forme. C'est ainsi qu'en 1918, il publie le recueil Calligrammes où le texte est à la fois écrit et dessiné.
















* Colette. Cette romancière m'étonne par sa biographie.
Cadre 'Belle époque' : La vie de Colette est marquée par le phénomène d'émancipation des femmes. On lui connaît des divorces, des amants, des expériences dans le music-hall, et le fait d'avoir revendiqué la liberté de publier en son noms ses écrits.
Mais j'aime surtout la qualité des portraits de chats qui traversent son œuvre.
Dialogues de bêtes (1904), La Chatte (1933).

* Agatha Christie : nouvelles et romans policiers dont les personnages les plus célèbres sont Hercule Poirot et Miss Marple.


Bibliographie :
Français. Littérature et méthodes, Nathan
Littérature, textes et méthode, Hatier
Literatuur zonder grenzen. Literatuur voor de tweede fase VWO, Educatieve Partners Nederland


suggestion de sites :
site consacré à l'art pictural (petites présentations des mouvements artistiques):
http://www.brigitte-tschamper.com/art-cubisme-modern_style.html
site dédié à Fernand Leger :
http://www.laramee.fr/ozenfant/Nouveau_dossier/leger.htm

3e college : déroulement du cours

Mardi 15 mai, tous les voyageurs se sont donné rendez-vous près d'Amsterdam.
Certains ont présenté une période culturelle qui leur est chère.
La première présentation est celle de Theresa, Christian et Anke (qui n'a pu être physiquement présente étant donné qu'elle veille sur son poupon, Lotte). Nous découvrons 'le naturalisme', en allemand.
Un cadre historique est donné : 1870-1905, ainsi qu'un cadre politique (fondation du Kaiserreichs en 1871, naissance du Parlement en Allemagne) et sociologique (industrialisation, influence du positivisme et de la théorie déterministe du milieu).
Puis nous découvrons en quoi le naturalisme diffère du réalisme : alors que les réalistes s'engagent sur le plan éthique et politique en faveur des classes laborieuses et populaires, les naturalistes cherchent à décrire la réalité de cette population, sans pour autant prendre parti. Les thèmes du naturalisme sont l'alcoolisme, la pauvreté, la prostitution... avec comme arrière-fond la pensée de la reproduction sociale (l'alcoolisme des parents engendre celui des enfants).
Grâce à des images bien choisies, nous pouvons nous représenter les lignes et les canons artistiques naturalistes :
- un art représentant le peuple laborieux, des mendiants... G. Courbet, A. von Menzel
- des décors minimalistes et des toilettes simples
- des couleurs et des ambiances sombres

J'ai trouvé cette présentation non seulement bien faite (support), mais aussi bien menée : la voix, la prononciation, les gestes, les éventuelles reformulations, l'utilisation de mots transparents (proches d'autres langues) m'ont permis d'accéder au contenu, bien qu'ayant un faible niveau d'allemand.

Ensuite, c'est Selyne qui nous a présenté le Surréalisme. Pour cela, elle a combiné français et néerlandais. Sa présentation est interactive : Selyne construit sa présentation en posant de questions à l'auditoire, qui devient co-auteur. Nous devons énoncer ce que nous inspirent des images, des citations ("La terre est bleue comme une orange"), des repères chronologiques.
Elle complète ceci en donnant les lignes centrales du mouvement surréaliste :
- méfiance à l'égard de la politique ; montée du communisme et de l'anarchisme
- l'Homme vu et montré sous un jour complètement différent Picasso, Ernst
- rejet de la rationalité
- importance du rêve et de l'inconscient (écriture automatique)
On a bien ressenti lors de la présentation que Selyne se sent proche du mouvent surréaliste...

En fin de réunion, nous avons réfléchi à la manière d'amener des élèves à approcher la littérature en classe de langue étrangère. La question était de savoir "comment didactiser un texte littéraire?", ou pour le dire autrement, quelle genre de questions, d'activités proposer aux élèves du secondaire pour qu'ils entrent dans un texte littéraire?
Les questions qui accompent un texte relèvent de deux objectifs :
1. analyser le texte (questions de compréhension, énoncer quel est le thème, justifiez votre réponse...). L'idée est ici d'inviter les élèves à apprendre à analyser un texte (qu'observer, pour accéder pleinement au texte?)
Cela va sans dire, l'analyse est à adapter aux apprenants (niveau, langue, formulation des questions, profondeur et longueur de l'analyse).
2. exprimer ses sentiments, témoigner de son expérience. Les activités sont ici dirigées vers le lecteur (exemples : quelle est ta première réaction?, si tu étais dans telle situation, comment agirais-tu?). Il s'agit de prendre du recul par rapport au texte et d'en appeller à la créativité
On peut par exemple demander aux élèves :
- réécris la fin
- écris une lettre au personnage principal
- intervieuw un personnage
- écris le 4e de couverture (résumé attrayant)
- fais un ABC de l'histoire, c'est à dire pour chaque lettre de l'alphabet, trouve un mot ayant trait à l'histoire.
- dessine une affiche, etc
- fais un dessin pour chaque partie de l'histoire
- mets le texte-un mot-le thème... en calligramme

vendredi 15 mai 2009

Littérature du XIXe siècle

Un peu à regret, je quitte le Siècle des Lumières et les décors tantôt 'kitch' ou exubérants mais en tout cas amusants du style Rococo.
Cependant, je ne suis pas déçue, car j'entre au XIXe siècle qui connait un grand dynamisme littéraire : de nombreux mouvements se complètent, s'opposent et se succèdent.

Je vous propose donc à présent de partir à la découverte du Romantisme, du réalisme, du naturalisme, du Parnasse et du symbolisme. Comme les lignes de partage sont quelques fois un peu floues, car chaque mouvement se crée en réaction à un autre, j'ai opté pour donner un aperçu global de la pensée au 19e siècle. En ligne de fond : le moi et l'être.

En France, le vent de la Révolution a soufflé : de nombreuse têtes sont tombées sous la guillotine et une grande instabilité politique marque les esprits. Une figure historique va se détacher : Napoléon se fait proclamer empereur en 1804. Son règne est marqué par des guerres visant à étendre son pouvoir en Europe.

En écho aux libérations politiques qui se sont écoulées, les artistes Romantiques réclament également plus de liberté. On veut se libérer des contraintes et des conventions, des règles de littéraires classiques.
Au théâtre, cela se traduit par la suppression des 3 unités (une action, un journée, un lieu).
"L'unité de temps n'est pas plus solide que l'unité de lieu. L'action, encadrée de force dans les vingt-quatre-heures, est aussi ridicule qu'encadrée dans le vestibule. Toute action a sa propre durée comme son lieu particulier. (...) C'est ainsi qu'on a borné l'essor de nos plus grands poètes. C'est avec les ciseaux des unités qu'on leur a coupé l'aile." V. Hugo, préface de Cromwell (1827)
De la même façon, la représentation de Hernani (1830) de Victor Hugo suscite de nombreux commentaires et marque le genre théâtral.

En poésie, on bannit les imitations des textes Grecs antiques, la forme s'assouplit (versification, métrique...) et tous les sujets deviennent légitimes.
"Tout est sujet : tout relève de l'art ; tout à droit de cité en poésie (...) Le poète est libre." V. Hugo, préface de Orientales (1829)

Selon Joseph von Eichendorff, Gedichte (1830) :
"Schläft ein Lied in allen Dingen
Die da träumen fort und fort
Und die Welt hebt an zu singen
Triffst du nur das Zauberwort."

traduction en néerlandais
:

Er slaapt een lied in alle dingen,

die daar maar alsmaar liggen te dromen
en de wereld begint te zingen
als jij het toverwoord maar weet te vinden.

Alors que de la Renaissance au 18e siècle, on pense que l'art s'apprend, qu'il s'agit de maîtriser des canons artistiques, et qu'il doit se rapprocher de la réalité, au 19e siècle prédominent les idées de création et d'originalité. On cherche à faire quelque chose de 'neuf' et la thématique du génie germe. L'artiste romantique est en relation avec l'invisible.
Le genre fantastique se développe : le rêve, l'irrationnel s'entremêlent à la vie réelle.Les souvenirs, les rêves, la folie et le mysticisme qui imprègnent l'œuvre de Gérard de Nerval (Aurélia, 1855) annoncent le surréalisme. Le Horla de Guy de Maupassant est le journal d'un homme qui voit son double envahir sa vie et sombrer dans la folie.

Car en réaction au rationalisme du 18e, se développe un goût pour le sentimentalisme. La vérité doit être ressentie, et non pensée, conceptualisée.
Cette tension entre la raison et les sentiments se double d'une tension entre la vie sociale et les intérêts personnels. En Angleterre, on se passionne pour le roman Sense en Sensibility, de Jane Austen (1811). En France, les personnages de Le rouge et le noir de Stendhal (1830) sont tiraillés entre deux aspirations : la réussite sociale et l'amour. Madame Bovary (1857) de G. Flaubert s'ennuie dans sa vie d'épouse de médecin de province; de l'adultère elle passera au suicide.

Car il y a bien un coté noir, pessimiste dans l'esprit du 19e siècle. Les idées de 'développement' sont mises en doute et une insatisfaction vis-à-vis de l'époque flotte dans l'air. Les regards se tournent volontiers vers un 'âge d'or' passé.
Certains rêvent à nouveaux de tournois, de duels et de fuite aventurière et le roman historique est au goût du jour. Ivanhoé, de Sir Walter Scott (1820) est populaire dans toute l'Europe.
D'autres voient dans la mystique noire médiévale une source d'inspiration. Les 'outils-clef' des romans noirs (aussi appelés nouvelles gothiques) sont : un château lugubre, des apparitions de sorcières, de magiciens et de vampires, un lourd secret lié à un amour interdit ou encore un pacte avec le diable. Dans le cycle de Jaromir, du poète néerlandais A.C.W. Storing, un étudiant se déguise en diable pour recevoir ainsi un repas gratuit.
Dans ce genre noir, sont restés des noms comme l'allemand E.T.A Hoffman, l'américain Edgar Allan Poe. La peur de la mort, la séparation de l'âme et de l'esprit sont au coeur de Frankenstein or the famous Prometheuse (1810), de Mary Shelly.














Les opéras de Richard Wagner mêlent également effroi et fascination pour la mort : dans Parsifal, le roi Titurel chante depuis un cercueil.

Pour l'homme qui ne croit plus aux vertus du rationalisme et de l'optimisme, la vie devient une aventure pleine de dangers. Les angoissses et le désepoir sont caractéritiques du 'mal du siècle'.























L'idée que "l'homme ne peut rien contre la fatalité" est centrale dans l'œuvre de Charles Baudelaire et des autres 'poètes maudits' : Rimbaud, Mallarmé, Verlaine.
Ceux-ci ont également pour partage de provoquer des scandales, à l'image de celui suscité par les poèmes dédiés à des lesbiennes dans Les Fleurs du Mal, scandale auquel il répond par Les litanies de Satan.

Car si les projets d'explication rationnelle et scientifique ont fleuri au 18e, le 19e siècle connaît un regain du sentiment spirituel (qu'il soit occulte ou religieux).
Le 'Carpe Diem' cède la place aux fantasmes d'immortalité et la beauté de la nature ne peux que se justifier que par l'existence de Dieu. C'est ainsi qu'une partie de la littérature s'imprègne de religiosité.
Citons, pour la poésie le flamand Guido Gezelle "Mij spreekt de blomme een tale, mij is het kruid beleefd".

"O krinklende winklende waterding,
met 't zwarte kabotseken aan,
wat zien ik toch geren uw kopke flink
al schrijven op 't waterke gaan! (...)
We schrijven, herschrijven en schrijven nog,
den heiligen van God!"

Le français Alphonse de Lamartine écrit Harmonies poétiques et religieuses, un titre explicite ; et voici un passage de Le Génie du Christiannisme (1802) de Chateaubriand :
"Un soir je m'étais égaré dans une forêt, à quelque distance de la cataracte du Niagara ; bientôt je vis le jour s'éteindre autour de moi, et je goûtai, dans toute sa solitude, le beau spectacle d'une nuit dans les déserts du Nouveau-Monde. (...) La grandeur, l'étonnante mélancolie de ce tableau ne suaraient s'exprimer dans les langues humaines (...) l'âme se plaît pour ainsi dire, à se trouver seule devant Dieu."

Au XIXe, s'éveille un regain d'intérêt pour les histoires populaires et le folklore en général. En Allemagne on rassemble des vieilles chansons populaires, transmises oralement de générations en générations. Celles-ci vont inspirer de nombreuses oeuvres littéraires; pensons à la légende de Barbe-Noire. On collecte également des contes anciens, comme l'ont fait Jacob et Wilhelm Grimm : Blanche-neige, Hansel et Gretel, Le joueur de flûte de Hamelin sont réécrits.
Un certain nombre de romans décrit abondament la vie des simples gens, du peuple paysan.

Ce goût pour la couleur locale se développe. Les lecteurs deviennent friands de descriptions des habitudes, des tenues, des intérieurs et des paysages. Les textes de H. de Balzac, dont Le Père Goriot (1835) abondent en descriptions minutieuses et proposent une étude de moeurs, un portrait réaliste. En réaction à la subjectivité et aux rêveries des romantiques, les réalistes veulent s'en tenir aux faits. L'anglais Charles Dickens se base sur sa propre expérience pour décrir dans David Copperfield (1850) les classes moyennes et populaires Londonniers.
Quand aux naturalistes, ils considèrent que la nature humaine est la seule responsable des actes, et non pas les puissances divines, ou l'imagination ou encore la raison. Au fil de la série des Rougon-Macquart, E. Zola imagine une saga familiale sur plusieurs générations où il décrit avec force la misère des milieux populaires, du prolétariat industriel qui explose suite à la 'révolution industrielle'. Dans le roman social les Misérables, V. Hugo (1867) dénonce "la dégradation de l'homme par le prolétariat, de la femme par la faim et de l'enfant par la nuit."

Rejetant et les épanchements lyriques des romantiques et l'engagement politique des réalistes, le tenants de "l'art pour l'art" s'unissent. En 1866, paraît en France le premier Parnasse Contemporain qui regroupe les oeuvres d'une quarantaine de poètes. Pour les parnassiens, la Beauté ne saurait être mêlée à l'utilité.
"Il n'y a de vraiement beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, ceux de l'homme, ignobles et dégoutants, comme sa pauvre et infime nature." T. Gauthier, préface de Mademoiselle de Maupin (1936)

Plus tard, le célèbre dandy Oscar Wilde dira "all art is quite useless". Le mouvement dandysme projette de faire de sa vie même en art, où l'oiseveté et l'élégance s'entremêlent.

La mouvance symboliste partage avec les Parnassiens la recherche du Beau. Mais ces derniers accordent une prépondérence à la musicalité. "De la musique avant toute chose", comme le dit P. Verlaine. Cette musique puise sa force dans le déséquilibre : "Le beau est toujours bizarre" (C. Baudelaire). Les vers, en poésie, se veulent impairs, les césures non classiques et la teneur mélancolique.

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand,
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
Verlaine, 'Chanson d'automne' Poèmes saturniens.


La poésie de Rimbaud se veut également musicale, elle doit suggérer et non définir :

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baigant dans le frais cresson bleu
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font plus frissonner sa narine;

Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine
Tranquille. Il a deux rouges au côté droit.

Rimbaud, Le dormeur du val, Poésies (1870).


Traduction néerlandaise de Albert Verwey : De slaper in 't dal

Een groene kloof waar een rivier door zingt
En vasthecht zilvren flarden aan 't gepluimt
Van 't randgras, waar de zon langs rotswand springt
En blinkt. Een klein dal dat van stralen schuimt.

Een jonge soldaat, blootshoofds, met open mond,
De nek in frisse blauwe kers gebaad,
Slaapt, uitgestrkt in 't gras op 'd open grond,
Bleek in zijn groen bed daar de zon hem braadt.

Slaapt, voeten in de zwaardbloem. Als een knaapje
Dat ziek ligt, glimacht, zo doet hij zijn slaapje.
Hij heeft het koud! Natuur, bestraal hem vrij.

Geen geuren doen zijn neusgaten meer rillen,
Geen stralen hand die op zijn borst rust, trillen.
Twee rode gaatjes heeft zijn rechtzij.

Bibliographie :
XIXe siècle, collection littéraire Lagarde & Michard, Bordas
Eldorado. Literatuur voor de tweede fase Vwo, Thieme-Meulenhoff
Français. Littérature et méthodes, Nathan
Littérature, textes et méthode, Hatier
Literatuur zonder grenzen. Literatuur voor de tweede fase VWO, Educatieve Partners Nederland
Mouvements littéraires français du Moyen-âge au XIXe siècle, Librio

Suggestions de blogs :
Autres présentations sur 'le romantisme', chacune dans son style

http://malika-akk.blogspot.com/2009/04/le-romantisme.html
http://leergebied4selyne.blogspot.com/2009/05/voyage-travers-le-temps-la-periode.html

un blog sur le naturalisme et le réalisme :
http://naturalismefr.blogspot.com/2007/08/le-ralisme-et-le-naturalisme.html

art naturaliste : http://www.arts-up.info/mouvements/naturalisme.htm

Littérature et art au XVIIIe siècle : Lumières et Rococo

Le siècle des Lumières est pour moi un siècle 'passion'.
Car j'aime cette effervescence de l'esprit critique qui se développe : on s'intéresse à de grandes causes politiques et humanitaires telles que la démocratie, la suppression de l'esclavage, les torts de la colonisation, etc. Le thème du Bonheur revient en avant : comment vivre pour être heureux? Et si l'on y regarde de près, on remarquera que ces préoccupations des Lumières sont tout à fait transposables à notre époque...
L'idée de partager des connaissances me plaît également. Le savoir est valorisé, et celui-ci sert à être échangé, transmis. D'ailleurs, bien des fondements de la pédagogie 'moderne' trouvent leur source dans la littérature du 18e.
D'un point de vue littéraire, on assiste à la naissance de nouveaux genres qui mettent en avant les subtilités de l'ironie, qui intègrent voyages (imaginaires) et rencontres culturelles.

Dans le même temps, la dimension hédoniste est très présente au 18e siècle, comme en témoigne l'art rococo.

C'est ainsi que mon choix s'est porté sur cette période culturelle lors des présentations que nous avons faites aux co-étudiants.
Un diaporama du support visuel que j'ai utilisé lors de la présentation, enrichi de commentaires alors faits à l'oral, est consultable à l'adresse suivante :

http://www.slideshare.net/epstudentfrans/art-et-littrature-au-siecle-des-lumieres

Non pas que je sois si fière de cette présentation power-point, car tous ces passionnants voyages à travers les temps et les époques littéraires ont épuisé la monture et le cavalier ; mais, j'ose espérer que cela donnera à tout le moins une idée, quelques images du siècle des Lumières.

dimanche 3 mai 2009

le Baroque et le classicisme

M'étant longuement promenée au Moyen-âge et à la Renaissance, je m'étais promis de faire faire un grand saut à ma machine à remonter le temps... Cependant, je ne résiste pas à l'envie de vous emmener, le temps d'un instant, à la découverte des arts et lettres de la France du XVIIe siècle.

Dans l'histoire française, le 17e siècle commence avec l'édit de Nantes, proclamé par Henri IV pour mettre fin aux guerres de religion (1598)




et s'achève à la mort de Louis XIV en 1715.








Au cours de ce siècle, la suprématie politique, linguistique et artistique de la France devient prégnante. Deux grands courants culturels majeurs se distinguent : le baroque et le classicisme.

L'influence italienne qui a cours à la Renaissance se prolonge avec l'arrivée de Catharina de Medici à la Cour.
Le vent de sensualité et de frivolité que la reine insuffle à la cour est central dans le mouvement baroque. En langage littéraire cela se traduit par l'emploi de figures de style et de jeux de mots.
Dans un premier temps, le baroque se distingue par le gout du lyrisme, des images sentimentales aux contrastes et aux enchaînements déroutants.

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amère et l'amour est amer,

Et l'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.


Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,

Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard du naufrage.


La mer de l'amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau

Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes


Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.


Pierre de Marbeuf,
Recueil de vers (1628)

L'optimisme des Humanistes est rejeté : dans les salons, on aime les textes éloquents et sensibles dont les thèmes sont l'amour, les passions et la mort.

Un corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,

Deux belettes et deux renards

Traversent l'endroit où je passe,

Les pieds faillent à mon cheval,

Mon laquais tombe du haut mal,

J'entends craqueter le tonnerre,

Un esprit se présente à moi,

J'ois Charon qui m'appelle à soi,

Je vois le centre de la terre.


Ce ruisseau remonte en sa source,

Un boeuf gravit sur un clocher,

Le sang coule de ce rocher,

Un aspic s'accouple d'une ourse,

Sur le haut d'une vielle tour

Un seprent déchire un vautour,

Le feu brûle dedans la glace,

Le soleil est devenu noir,

Je vois la Lune qui va choir,

Cet arbre est sorti de sa place.


Théophile de Viau,
Œuvres, 1621.

Par la suite, cet esprit du baroque va donner naissance à deux mouvements qui se définissent en s'opposant.
Les précieux poussent le style à l'extrême dans leur quête de raffinement et d'élégance ; ils raffolent d'archaïsmes, de néologismes et de paraphrases et rejettent la 'vulgarité' et la simplicité des termes communs.
À l'opposé, les libertins penchent plus en faveur d'une sensualité terrestre. La figure emblématique en est Don Juan. Il est à noter qu'ils font leur trait d'union entre le Carpe diem humaniste qui le précède et l'esprit libertaire du 18e siècle.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'esprit devient classique.

Le poète Malherbe considère que le poète est "un bon ouvrier du vers". Il refuse l'idée lyrique d'inspiration et renouvelle les critères poétiques : "contenance et sentence riment comme four et moulin" : on ne doit pas faire rimer des mots comme émerveille ~ merveille, de la même famille.

Il existe un rapport évident entre la montée du classicisme et l'établissement de la monarchie absolue, où ordre et autorité sont les maîtres-mots.
Au règne de Louis XIII marqué par la puissance de Richelieu succède le long règne de Louis XIV. La cour royale impose la mode, le goût et le bon ton.

* Les goûts fastueux sont propices à l'épanouissement d'une architecture grandiose.
C'est de cette époque que datent :
- le palais du Luxembourg, à Paris (où siège aujourd'hui le Sénat)
que l'on peut visiter sur le site http://senat.fr/visite/visite_virtuelle/index_pc.html ...
- et le palais de Versailles
(en miniature sur la photo ci-dessous, tirée de http://103ginette.free.fr/galerie_photo/france_miniature.htm)

* En matière littéraire, les faveurs du roi soleil permettent à de grands auteurs comme Molière, Racine, Boileau et Bossuet d'acquérir de la renommée. Car le genre littéraire fort du 17e siècle est le théâtre. On se méfie alors de la poésie et des romans, associés aux Précieuses.
En montrant les dangers (mortels) des passions et des excès la tragédie joue un rôle moral. Les héros de Racine sont aveuglés par leurs passions et écrasés par une fatalité tragique.

La volonté d'ordre et de régularité se retrouve dans les codes de la tragédie : bienséance (bonnes manières et pas d'actions violentes), règle 'mathématique' des trois unités qui veut que la pièce porte sur une action, un jour, un lieu.
"Qu'en un lieu. qu'en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli." Boileau, l'Art poétique (1674)

Enfin, comme toujours en face d'un ordre politique et social autoritaire, les dissidences émergent.

* Molière, dans ses comédies, dénonce un certain nombre de figures types Les Précieuses ridicules (1664), Dom Juan (1665), Le Misanthrope (1666), l'Avare (1668), Tartuffe (1669), Le Bourgeois gentilhomme (1670), Les Femmes savantes (1672).

* La Fontaine, au travers de ses célèbres fables, ne se prive pas de 'faire la morale'.
Un très grand nombre de ces fables sont lisibles sur l'ecxellent site http://www.jdlf.com/lesfables.




sources :
Français, littérature et méthodes. Classe des lycées, Nathan
Littérature, textes et méthode 1ere, Hatier
A. Lagarde, L. Michard, XVIIe siècle, Les grands auteurs français du programme, Bordas
I. Nouailhac, C. Narteau, Mouvements littéraires français du Moyen-âge au XIXe siècle, Flammarion

Portrait de Jean De brunnec, par H. Rigaud

vendredi 1 mai 2009

XVIe siècle : Renaissance et Humanisme

Deuxième volet de notre voyage dans les temps littéraires.
Nous partons pour l'Europe du 16e siècle.

Traditionnellement, la chute de Constantinople en 1453 marque la fin du Moyen-âge.Les savants grecs qui y étaient installés se réfugient alors en Italie, emportant avec eux leurs bibliothèques et leurs savoirs issus de la Grèce Antique.
L'Italie, au carrefour de l'Europe et de l'Asie, fait alors figure de modèle de développement économique (commerce de soie et d'épices, système bancaire, échanges dus aux Croisades) et de raffinement.Au XVIe siècle, le Rinascimento gagne le reste de l'Europe. En France, François Ier souhaite que l'Italie soit un modèle artistique et intellectuel et se fait le protecteur des arts et des lettres.
François Ier, par Jean Clouet
Il invite en France de grands savants et artistes italiens, tels que Léonard de Vinci et Michel-Ange.

















l'homme de Vitruve : Vinci David : Michel-Ange





Les grands traits de la peinture Renaissance sont la maîtrise de la perspective, un soin rigoureux des proportions, le traitement des couleurs, un jeu d'ombre et de lumière, le développement des portraits (souvent les mécènes) et la représentation du corps féminin suivant des inspirations mythologiques.
Raffaello, Les trois grâces

François Ier est aussi à l'initiative de la construction de châteaux d'inspiration italienne sur les bords de la Loire, style qui se développe sous le règne de son fils Henri II, marié à Catherine de Médicis.

Cette Renaissance artistique s'accompagne également de la (re)naissance d'un élan humaniste.
L'humanisme désigne un grand mouvement intellectuel, moral et religieux caractéristique du 16e siècle. Les Humanistes proposent un idéal de paix et de sagesse qui se fonde sur la connaissance et les savoirs, inspirés des civilisations antiques. On voit bien dans quelle mesure cette façon de penser s'éloigne de l'exaltation des valeurs guerrières chères aux chevaliers du Moyen-âge.

Les Humanistes aussi ont leur idéal, leur quête : celle du Savoir.
Les oeuvres gréco-latines redécouvertes en Italie sont diffusées dans les milieux lettrés, grâce à l'imprimerie. En France, la Pléiade réunit des poètes qui partagent une admiration pour la littérature antique et la volonté de perfectionner la poésie.
* On apporte un soin minutieux à corriger la langue. Au profit du latin et des langues régionales, le français (devenu également langue juridique officielle en 1539) voit sa grammaire et son orthographe codifiés. Un des grands poètes de la Pléiade, Joachim du Bellay rédige en 1549 La Deffense, et l'Illustration de la langue Francoyse.
La langue et la forme des poèmes sont aussi conventionnés.
* Les poèmes d'amour de Pierre de Ronsard connaissent un grand succès : dans ses recueils la passion amoureuse fait écho à la brièveté de la vie ; l'auteur reprend le thème épicurien Carpe diem "profite de l'instant".

Mignonne, allons voir si la rose
Qui se matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Pierre de Ronsard, Odes, 1550


Cette quête de savoir des Humanistes se lit aussi dans leur curiosité pour les (re)découvertes scientifiques. Ils s'intéressent à des domaines considérés tabous par les autorités religieuses telles l'anatomie, la chirurgie et l'astronomie.
Car enfin, sans être pour autant incroyant, il faut que la gamme des connaissances soit aussi riche et variée que possible. Et il importe de rendre les jeunes générations curieuses.
Rabelais, dans Pantagruel (1532) met en scène un bébé géant qui n'est jamais rassasié de nourriture, symbolisant ainsi la faim des Humanistes pour les connaissances.
Et voici le récit des études de Gargantua, père de Pantagruel :

"Ensuite, il le soumit à un rythme de travail tel qu'il ne perdait pas une heure de la journée, mais consacrait u contraire tout son temps aux lettres et aux études libérales. Gargantua s'éveillait donc vers quatre heures du matin. Pendant qu'on le frictionnait, on lui lisait quelques pages des saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la prononciation requise. (...) En revenant, ils considéraient l'état du ciel, regardant s'il était comme ils l'avaient remarqué la veille au soir et en quel signe entrait le soleil, et aussi la lune, ce jour-là. (...) Cela fait, ils sortaient, toujours en discutant du sujet de la lecture, et allaient faire du sport (...) s'exerçant élégamment le corps, comme ils s'étaient auparavant exercé les âmes."

L'éducation des enfants est également un thème cher à Montaigne. Il recommande le dialogue, la bienveillance et la formation du jugement.
"Socrate, et, depuis, Archésilas faisaient premièrement parler leurs disciples, et puis ils parlaient à eux. Obest plerumque iis qui discere volunt, auctoritas eorum qui docent.
[L'autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent s'instruire] (...)
Qu'il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance (...) Que ce qu'il viendra d'apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et accomoder à autant de divers sujets (...)"
Essais, livre I, 1580

Les avancés techniques et scientifiques ayant contribué à l'élargissement des espaces par les navigateurs (Magellan, Gama, Colomb, Vespuci...), on découvre un certain nombre de peuples.
Montaigne prone la tolérance vis à vis des coutumes étrangères.
"chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage".
'Des cannibales',
Essais, Livre I, 1580.
Nous savons que son appel, aux origines de la démarche ethnologique, reste d'actualité, bien des siècles plus tard...

Enfin, ce compte-rendu de notre voyage au cœur de l'Europe du XVIe siècle ne saurait être complet sans évoquer les guerres de religion qui l'ont marquée.
En Europe, les catholiques, favorables à l'autorité romaine papale, s'opposent aux protestants, favorables à la Réforme qui refuse la superstition et le pouvoir pour revenir à un christianisme originel.
En Allemagne, Martin Luther affirme qu'il tient la bible pour seule source légitime d'autorité religieuse et que le système des indulgences qui permet de racheter ses fautes contre de l'argent est incompatible avec la piété et ne permet pas de remédier au problème.
A Genêve, Calvin appelle à plus de rigueur.
Le luthérianisme et le calvinisme auront un grand impact aux Pays-Bas.
En France, les 'hérétiques' sont pourchassés. Durant le massacre de la St-Barthélémy (1572) des milliers de protestants sont massacrés à Paris. Toutefois, le protestantisme se diffuse parmi des milieux qui ont accès à la culture dont les commerçants et les artisans. Souhaitant donner fin à cette guerre civile, Henri IV proclame la liberté de culte protestant (l'édit de Nantes, 1598).
Engagé contre l'injustice des persécutions religieuses, l'auteur Agrippa d'Aubigné s'inspire du récit biblique de Caïn, châtié par Dieu pour avoir tué son frère Abel et compose des œuvres aux accents terribles de vengeance.
En Angleterre, à la rupture politique avec Rome succède la diffusion des idées de la Réforme et la création de l'église anglicane.

Cette scission religieuse et politique divise l'Europe et les groupes sociaux, depuis la Scandinavie jusqu'à Prague et les humanistes appellent à la tolérance religieuse.
Un autre cheval de bataille dont le thème pourrait être repris de nos jours.


sources :
Français, littérature et méthodes. Classe des lycées, Nathan
I. Nouailhac, C. Narteau, Mouvements littéraires français du Moyen-âge au XIXe siècle, Flammarion
http://fr.wikipedia.org
http://histoire.univ-paris1.fr/agregation/moderne2003/cours10.htm

pour approfondir :
http://jrmasson.free.fr/index.php?page=lit16