Dans l'histoire française, le 17e siècle commence avec l'édit de Nantes, proclamé par Henri IV pour mettre fin aux guerres de religion (1598)
et s'achève à la mort de Louis XIV en 1715.
Au cours de ce siècle, la suprématie politique, linguistique et artistique de la France devient prégnante. Deux grands courants culturels majeurs se distinguent : le baroque et le classicisme.
L'influence italienne qui a cours à la Renaissance se prolonge avec l'arrivée de Catharina de Medici à la Cour.
Dans un premier temps, le baroque se distingue par le gout du lyrisme, des images sentimentales aux contrastes et aux enchaînements déroutants.
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère et l'amour est amer,
Et l'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard du naufrage.
La mer de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf, Recueil de vers (1628)
L'optimisme des Humanistes est rejeté : dans les salons, on aime les textes éloquents et sensibles dont les thèmes sont l'amour, les passions et la mort.
Un corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,
Deux belettes et deux renards
Traversent l'endroit où je passe,
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J'entends craqueter le tonnerre,
Un esprit se présente à moi,
J'ois Charon qui m'appelle à soi,
Je vois le centre de la terre.
Ce ruisseau remonte en sa source,
Un boeuf gravit sur un clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un aspic s'accouple d'une ourse,
Sur le haut d'une vielle tour
Un seprent déchire un vautour,
Le feu brûle dedans la glace,
Le soleil est devenu noir,
Je vois la Lune qui va choir,
Cet arbre est sorti de sa place.
Théophile de Viau, Œuvres, 1621.
Par la suite, cet esprit du baroque va donner naissance à deux mouvements qui se définissent en s'opposant.
Les précieux poussent le style à l'extrême dans leur quête de raffinement et d'élégance ; ils raffolent d'archaïsmes, de néologismes et de paraphrases et rejettent la 'vulgarité' et la simplicité des termes communs.
À l'opposé, les libertins penchent plus en faveur d'une sensualité terrestre. La figure emblématique en est Don Juan. Il est à noter qu'ils font leur trait d'union entre le Carpe diem humaniste qui le précède et l'esprit libertaire du 18e siècle.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'esprit devient classique.
Le poète Malherbe considère que le poète est "un bon ouvrier du vers". Il refuse l'idée lyrique d'inspiration et renouvelle les critères poétiques : "contenance et sentence riment comme four et moulin" : on ne doit pas faire rimer des mots comme émerveille ~ merveille, de la même famille.
Il existe un rapport évident entre la montée du classicisme et l'établissement de la monarchie absolue, où ordre et autorité sont les maîtres-mots.
Au règne de Louis XIII marqué par la puissance de Richelieu succède le long règne de Louis XIV. La cour royale impose la mode, le goût et le bon ton.
* Les goûts fastueux sont propices à l'épanouissement d'une architecture grandiose.
C'est de cette époque que datent :
- le palais du Luxembourg, à Paris (où siège aujourd'hui le Sénat)
que l'on peut visiter sur le site http://senat.fr/visite/visite_virtuelle/index_pc.html ...
- et le palais de Versailles
(en miniature sur la photo ci-dessous, tirée de http://103ginette.free.fr/galerie_photo/france_miniature.htm)
* En matière littéraire, les faveurs du roi soleil permettent à de grands auteurs comme Molière, Racine, Boileau et Bossuet d'acquérir de la renommée. Car le genre littéraire fort du 17e siècle est le théâtre. On se méfie alors de la poésie et des romans, associés aux Précieuses.
En montrant les dangers (mortels) des passions et des excès la tragédie joue un rôle moral. Les héros de Racine sont aveuglés par leurs passions et écrasés par une fatalité tragique.
La volonté d'ordre et de régularité se retrouve dans les codes de la tragédie : bienséance (bonnes manières et pas d'actions violentes), règle 'mathématique' des trois unités qui veut que la pièce porte sur une action, un jour, un lieu.
"Qu'en un lieu. qu'en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli." Boileau, l'Art poétique (1674)
Enfin, comme toujours en face d'un ordre politique et social autoritaire, les dissidences émergent.
* Molière, dans ses comédies, dénonce un certain nombre de figures types Les Précieuses ridicules (1664), Dom Juan (1665), Le Misanthrope (1666), l'Avare (1668), Tartuffe (1669), Le Bourgeois gentilhomme (1670), Les Femmes savantes (1672).
* La Fontaine, au travers de ses célèbres fables, ne se prive pas de 'faire la morale'.
Un très grand nombre de ces fables sont lisibles sur l'ecxellent site http://www.jdlf.com/lesfables.
sources :
Français, littérature et méthodes. Classe des lycées, Nathan
Littérature, textes et méthode 1ere, Hatier
A. Lagarde, L. Michard, XVIIe siècle, Les grands auteurs français du programme, Bordas
I. Nouailhac, C. Narteau, Mouvements littéraires français du Moyen-âge au XIXe siècle, Flammarion
Tu as trouvé une très agréable structure à ta présentation. C'est agréable de lire tes textes, de contempler les tableaux, les photos. On a envie de continuer la lecture... Très bien fait!
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