jeudi 30 avril 2009

la littérature médiévale

Souhaitant vous faire part de la richesse littéraire au Moyen-âge, j'ai voulu à plusieurs reprises utiliser ce support commode qu'est le blog, mais plusieurs contretemps techniques ont réduit à néant mes tentatives ; j'ose espérer que cela fonctionnera cette fois-ci !

Car j'avais réellement à cœur de vous faire part de la diversité de la littérature médiévale.
Souvent opaques de par leur langue ancienne, les textes médiévaux sont en fait subtils et soignés.
Et il convient, pour en prendre la mesure de considérer le schéma mental, les modèles de penser de l'époque qui les ont vu naître.

Au Moyen-âge, la vie est rythmée par les saisons, la religion et les volontés des seigneurs.

Et ces repères sociaux sont évidemment omniprésents dans la littérature médiévale.

Ainsi, parmi les textes médiévaux les plus anciens, on trouve un certain nombre d'hagiographies. Un texte hagiographique conte la vie, les miracles ou la passion d'un saint. Aux informations biographiques sont mêlées des légendes à caractère merveilleux.
Plus tard, le théâtre religieux passionne les foules.
Mystère de la passion (vers 1450) est un spectacle qui se déroule sur plusieurs jours!

On conserve aussi du Moyen-âge, les images de châteaux-forts, de chevaliers et de jongleurs.
Et pour cause. En France et en Angleterre, des 'chansons' épiques font leur apparition vers la fin du IXe siècle ; contées de châteaux en châteaux et dans les foires, il s'agit de longs poèmes qui déclament les combats héroïques et les exploits de chevaliers ou qui font rêver aux Croisades.
Sur fond de musique et d'acrobaties, les troubadours, en langue d'oïl (langue romane qui se développe au nord de la Loire), colportent les chansons de geste.
Pour comprendre aujourd'hui cette appellation, il faut savoir que la geste, du latin 'gesta' signifie alors ce qui a été fait, les exploits.
Essentiellement orales, les chansons de geste ont cependant été quelque fois manuscrites (souvent bien plus tard) et par là, certaines ont traversé les siècles.
Les plus fameuses sont :
* Chanson de Roland (vers 1098) : elle valorise la fidélité de Roland de Ronceveaux, neveu de Charlemagne qui, parti avec lui lutter contre les Sarrasins en Espagne, est pris par ces derniers dans un piège mortel, en l'an 778.
* Chanson de Guillaume (vers 1100) : elle relate l'épopée de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie parti à la conquête de la couronne d'Angleterre (1066).
Cette même épopée a été illustrée par la tapisserie de Bayeux, broderie longue de 70 mètres réalisée au XIe siècle.

Cette littérature épique, qui valorise la prouesse au travers de la figure du chevalier, se comprend pleinement à la lumière d'un contexte guerrier.
Est valorisé celui qui est fidèle à son seigneur jusqu'à donner sa vie pour lui ; et cet idéal chevaleresque dessert d'ailleurs la montée en puissance du roi de France ainsi que les Croisades.

Mais à côté de ces exploits guerriers, on connaît aussi un besoin de raffinement: les femmes et les sentiments sont à l'honneur dans la littérature courtoise.
Le noyau central de la littérature courtoise est la fin'amor (amour parfait et délicat).
Certes le chevalier y combat toujours, mais cette fois, ses exploits sont autant d'hommages à une Dame adorée, de rang plus noble.
Les trouvères exaltent en langue d'oc (autre langue romane qui se distingue au sud de la Loire) un art de vivre fondé sur la politesse, le raffinement et la loyauté.

* C'est ainsi que Chrétien de Troyes, pour plaire à Marie de Champagne, écrit l'épopée de Lancelot ou le chevalier de la charrette (1176-1181) qui part en quête et fait beaucoup de sacrifices (comme celui de monter dans la charrette du déshonneur) pour délivrer sa dame, la reine Guenièvre faite prisonnière.

* Célèbres sont Tristan et Iseult, amants par delà la mort...
'Ami Tristan, puisque je vous vois mort,
Je n'ai désormais de raison de vivre.
Vous êtes mort pour l'amour de moi.
Et je meurs, ami, de votre tendresse
Puisque je n'ai pu venir à temps
Pour vous guérir vous et votre mal.
Ami, ami, à cause de votre mort,
Je n'aurai plus aucun réconfort, (...)
Si j'étais arrivée à temps,
Je vous aurais rendu la vie,
Et je vous aurais parlé doucement
De l'amour qu'il y eut entre nous ; (...)
Pour moi vous avez perdu la vie,
Et je ferai comme une amie véritable ;
Pour vous je veux mourir également'.
Elle l'embrasse et s'étend ainsi,
Lui embrasse les lèvres et le visage
Et le tient étroitement enlacé
Corps contre corps, lèvres contre lèvres,
Rend alors l'esprit,
Et meurt à côté de Tristan mort,
De douleur pour son ami.


La matière de Bretagne est également un genre littéraire prolifique. Pensons à l'histoire mythique du roi Arthur, des chevaliers de la table ronde, de Merlin l'enchanteur...
Là, se mêlent bravoure guerrière, hommages et amours, à des éléments fantastiques provenant aussi bien de croyances païennes que chrétiennes. Et la conquête du Graal symbolise la quête spirituelle, la lutte du bien contre le mal.

Ceci étant, la littérature populaire médiévale est également très riche:
* romans satiriques et fabliaux mettent en scène des personnages qui n'ont rien de chevaliers et de grandes dames.
Ainsi, dans Roman de Renard (vers 1170), les valeurs chevaleresques sont caricaturées et détournées.

* le théâtre comique représente des mésaventures conjugales et emploie souvent le thème du monde à l'envers.

* dans le poème Ballade des pendus (vers 1460), François Villon se fait le défenseur des pauvres et des voleurs.
En voici un extrait :
(...) La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et le sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
Puis ça, puis là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesse nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre,
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu qu'il veuille nous absoudre! (...)


bibliographie :
Français, littérature et méthodes. Classe des lycées, Nathan
I. Nouailhac, C. Narteau, Mouvements littéraires français du Moyen-âge au XIXe siècle, Flammarion
Eldorado VWO, literatuur voor de tweede fase, Thieme-Meulenhoff


sitographie :
http://www.cafe.umontreal.ca/genres/n-chansg.html
http://www2.unil.ch/fra/HistLitt/Cours/Periode%20medievale/12-7.Chevalier.html
http://www.fr.wikipedia.org


Pour découvrir une autre présentation de la société médiévale et d'autres extraits littéraires :
* http://leergebied4selyne.blogspot.com

Les néerlandophones pourront aussi consulter les blogs :
* http://welkomlezer.blogspot.com/2009/05/het-eerste-station.html
* http://marinaleergebied.blogspot.com/
On remarquera à cette occasion que les thèmes et les genres littéraires du Moyen-âge sont très proches en France et aux Pays-Bas.

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